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Un étudiant vers 2012
27 mars 2011

Cantonales, point de départ

Bienvenue ici. Nous sommes dimanche 27 mars 2011 et il est 22 heures. Le premier tour de la présidentielle aura lieu dans treize mois. Les résultats des élections cantonales tombent encore. L'UMP a perdu, ses leaders disent leur déception. Le PS a mathématiquement gagné, tandis que le FN fait une percée remarquée. A cette heure, il y aurait deux élus frontistes, l'un à Brignoles, l'autre à Carpentras.

L'abstention, grande gagnante

Comme à toutes les élections depuis le milieu de la decennie 1990, l'abstention a encore grimpé. Les responsables politiques ressortent les phrases habituelles pour se désloer de cet état de fait, comme à chaque soirée électorale depuis quinze ans. Dans une semaine, ils auront tous oublié.

Pour dépasser les banalités, je voudrais ce soir aborder le thème de la reconnaissance du vote blanc. Cette reconnaissance serait à mon avis un puissant barrage contre l'abstention et contre le Front National. En pratique, deux choix : soit on comptabilise les enveloppes vides comme un vote exprimé, soit on place à côté des bulletins des candidats en lice un bulletin blanc qui identifie clairement que l'électeur ne se prononce pour personne. A la filière papetière de peser de tout son poids pour la seconde solution.

Plus sérieusement, cette reconnaissance semble s'imposer pour la santé de notre démocratie. Au nom de quoi aurait-on obligation de choisir parmi l'un des candidats ? Au nom de quoi considère-t-on que quelqu'un qui n'a été convaincu par personne ne s'est pas "exprimé" ?

Le droit de n'avoir pas été convaincu doit cependant s'accompagner du devoir de voter. Car à partir du moment où le bulletin blanc est officialisé, l'ensemble des sensibilités est représenté : les opinions politiques qui ne sont représentés par personne sont considérées comme étant "incarnées" par le bulletin blanc.

Le vote blanc aurait ainsi droit à sa part du camembert politique à chaque soirée électorale. Les résultats seraient plus intéressants car chaque inscrit aurait voté, et on aurait une idée extrêmement précise de la sociologie politique du pays.

Reconnaître le vote blanc, un obstacle infranchissable ?

Cela n'est pas sans poser quelques problèmes. Imaginez un second tour de présidentielle avec deux candidats plus le bulletin blanc. L'habituelle mécanique du report ne se fera évidemment pas aussi bien qu'aujourd'hui. Imaginez l'électeur de Marine Le Pen ou d'Olivier Besancenot au premier tour (en prenant l'hypothèse qu'aucun des deux n'est au second tour). Dans son isoloir, il ne va pas avoir envie de rentrer dans le rang des partis "traditionnels", "républicains" et va choisir le blanc. Pas sûr, même, que l'électeur écolo ou centre-droit se reporte respectivement sur le PS et l'UMP.

Il est vrai que cet exemple reste sur le modèle du second tour classique gauche-droite. Mais ce second tour a la caractéristique de donner des résultats où il y a rarement plus de dix points d'écart entre les deux candidats. Imaginez avec un bulletin blanc : difficile qu'un candidat ait une majorité absolue. On pourrait faire un second tour à la majorité relative, mais les opposants au candidat élu argueraient tout de suite que moins de la moitié des électeurs l'ont plébiscité. Imaginez quelle est alors la crédibilité du président élu !

Vous me direz alors, pourquoi rester dans le schéma d'une élection à deux tours. Quitte à vouloir être ultra-démocratique en reconnaissant le vote blanc et en rendant la participation obligatoire, pourquoi ne pas passer tous nos scrutins à la proportionnelle ?

Pourquoi pas en effet. Le vote blanc serait un vote de protestation qui ferait - je le pense - notablement baisser le FN. Le parti d'extrême-droite de Marine Le Pen est en effet l'un des obstacles à la proportionnelle : la classe politique ne veut pas de députés frontistes sur les bancs du Palais Bourbon.

Le problème d'un passage à la proportionnelle serait plutôt pour la gauche. Le PS, malgré ses nombreux "courants" internes, n'est pas l'équivalent à gauche de ce qu'est l'UMP à droite. C'est un parti moins large, entouré d'autres forces indépendantes : PG, MRC, PRG, PCF et éventuellement EELV. Cet état de fait ferait qu'un scrutin proportionnel donnerait automatiquement la majorité relative - mais définitive, en l'absence de second tour - à l'UMP.

Derniers gros problèmes, et pas les moindres : si le blanc arrive en tête, on fait comment ? Et qui, finalement, pour représenter les votes blancs dans une assemblée ? Des sièges vides ? Cela voudrait dire que ceux qui ont voté blanc n'avaient rien à dire ! Dure question, décidément.

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Commentaires
I
Le PS va peut-être enfin défendre le vote blanc à l'Assemblée Nationale. Si on a deux propositions de loi au Sénat en 30 ans, rien à l'Assemblée. D'aprèe Fabius, favorable à tort au vote obligatoire, le PS aurait dans son programme la prise en compte comme suffrage exprimé du vote blanc. Les semaines qui viennent devraient, peut-être, voir être déposé un amendement du groupe PS à l'AN ou alors une proposition de loi. <br /> A suivre sur le site de l'Association pour la reconnaissance du vote blanc http://www.vote-blanc.org
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