Ce n'était pas un pur débat d'idées
Alors que se termine l'ultime débat des six candidats aux primaires citoyennes du PS et du PRG sur BFMTV, une chose m'a frappé : l'arrivée des petites phrases, des déclarations un peu piquantes envers les concurrents qui reviennent en boomerang au visage de leur auteur... A ce titre, j'ai vu juste en écrivant que le documentaire diffusé hier soir sur Canal+ allait faire parler de lui, parce que certains candidats jusqu'ici disciplinés se sont un peu lachés. Dommage.
Peut-on reprocher aux journalistes qui interrogeaient les six d'être, jutement, tombés dans la petite phrase, Mazerolle en tête ? Ce serait trop facile, et cela concerne peut-être 5% de ses questions. On peut plutôt reprocher aux candidats d'être tombés dans ce piège. Hollande, qui n'a pas participé à ce petit concours d'amabilités, a même su rebondir avec humour sur la pseudo-cinglante phrase de son ex-compagne en abordant une question de fond. Encore un point marqué par le favori des sondages.
Ce que l'on peut beaucoup plus reprocher aux journalistes qui ont interrogé les candidats, c'est de reposer les questions qui sont déjà intervenues dans les deux (ou un et demi) précédents débats. Rien, toujours rien, sur la crise écologique, les changements climatiques. Rien sur le fret ferroviaire, l'aménagement du territoire et le rôle que l'Etat doit y jouer. Pire, rien sur l'international. J'ai appris en cours d'histoire, et c'était il y a encore peu d'années, que la tradition non écrite de la Cinquième République était que le président s'occupait des affaires étrangères, alors que le Premier Ministre gérait les affaires intérieures, même si c'est le président qui en donne l'impulsion.
Je regrette notamment que les sujets liés au codéveloppement n'aient pas été abordés. La taxe sur les transactions financières, dite taxe Robin des Bois, n'est pas proposée par la totalité des candidats. Pas besoin d'être Besancenot pour proposer qu'une part infinitésimale des milliards qui sont échangés chaque jour servent au développement le plus basique des pays les plus en difficulté. C'est la vraie clé, la vraie cause de tous nos problèmes d'immigration, et personne n'a l'air de vouloir vraiment s'y attaquer. Tout cela manque quand même de pragmatisme et de vision mondiale. Mention, tout de même, à Aubry qui a effleuré ces problématiques dans sa conclusion.
Sur la Syrie, toujours rien non plus. Soit, la situation évolue vite, et il n'est pas dit que le 6 mai, Assad massacre encore sa population. Espérons-le, du moins. Est-ce une raison pour taire le sujet ?
Quelques questions intéressantes ont tout de même été posées. Je retiens celle sur les déserts médicaux, posée à Arnaud Montebourg. La toute fin du débat, sur les banlieues, a été particulièrement riche, et c'est sans doute - une fois n'est pas coutume - Ségolène Royal qui a été la plus convaincante. Manuel Valls, qui connaît bien ces sujets, n'est cependant pas en reste.
Je termine avec l'annonce de la candidature de Corinne Lepage, qui sert à faire les mauvaises blagues du jour. Je compte bien, en parallèle de la désignation du candidat socialiste par la primaire, suivre ses propositions. Il en va de même pour ce que disent Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon, même si ces derniers ne m'ont pour l'instant pas du tout convaincu.