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Un étudiant vers 2012

5 octobre 2011

Ce n'était pas un pur débat d'idées

Alors que se termine l'ultime débat des six candidats aux primaires citoyennes du PS et du PRG sur BFMTV, une chose m'a frappé : l'arrivée des petites phrases, des déclarations un peu piquantes envers les concurrents qui reviennent en boomerang au visage de leur auteur... A ce titre, j'ai vu juste en écrivant que le documentaire diffusé hier soir sur Canal+ allait faire parler de lui, parce que certains candidats jusqu'ici disciplinés se sont un peu lachés. Dommage.

Peut-on reprocher aux journalistes qui interrogeaient les six d'être, jutement, tombés dans la petite phrase, Mazerolle en tête ? Ce serait trop facile, et cela concerne peut-être 5% de ses questions. On peut plutôt reprocher aux candidats d'être tombés dans ce piège. Hollande, qui n'a pas participé à ce petit concours d'amabilités, a même su rebondir avec humour sur la pseudo-cinglante phrase de son ex-compagne en abordant une question de fond. Encore un point marqué par le favori des sondages.

Ce que l'on peut beaucoup plus reprocher aux journalistes qui ont interrogé les candidats, c'est de reposer les questions qui sont déjà intervenues dans les deux (ou un et demi) précédents débats. Rien, toujours rien, sur la crise écologique, les changements climatiques. Rien sur le fret ferroviaire, l'aménagement du territoire et le rôle que l'Etat doit y jouer. Pire, rien sur l'international. J'ai appris en cours d'histoire, et c'était il y a encore peu d'années, que la tradition non écrite de la Cinquième République était que le président s'occupait des affaires étrangères, alors que le Premier Ministre gérait les affaires intérieures, même si c'est le président qui en donne l'impulsion.

Je regrette notamment que les sujets liés au codéveloppement n'aient pas été abordés. La taxe sur les transactions financières, dite taxe Robin des Bois, n'est pas proposée par la totalité des candidats. Pas besoin d'être Besancenot pour proposer qu'une part infinitésimale des milliards qui sont échangés chaque jour servent au développement le plus basique des pays les plus en difficulté. C'est la vraie clé, la vraie cause de tous nos problèmes d'immigration, et personne n'a l'air de vouloir vraiment s'y attaquer. Tout cela manque quand même de pragmatisme et de vision mondiale. Mention, tout de même, à Aubry qui a effleuré ces problématiques dans sa conclusion.

Sur la Syrie, toujours rien non plus. Soit, la situation évolue vite, et il n'est pas dit que le 6 mai, Assad massacre encore sa population. Espérons-le, du moins. Est-ce une raison pour taire le sujet ?

Quelques questions intéressantes ont tout de même été posées. Je retiens celle sur les déserts médicaux, posée à Arnaud Montebourg. La toute fin du débat, sur les banlieues, a été particulièrement riche, et c'est sans doute - une fois n'est pas coutume - Ségolène Royal qui a été la plus convaincante.  Manuel Valls, qui connaît bien ces sujets, n'est cependant pas en reste.

Je termine avec l'annonce de la candidature de Corinne Lepage, qui sert à faire les mauvaises blagues du jour. Je compte bien, en parallèle de la désignation du candidat socialiste par la primaire, suivre ses propositions. Il en va de même pour ce que disent Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon, même si ces derniers ne m'ont pour l'instant pas du tout convaincu.

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3 octobre 2011

Au revoir Jean-Louis, bonjour Jean-Pierre !

Celui qui s'annonçait comme l'une des grandes figures de la bataille pour l'Elysée a quitté l'aventure hier. Bien-sûr, il y a ceux qui disent qu'ils s'en doutaient, parce qu'il n'avait pas les épaules, qu'il est fragile. Ceux qui disent qu'il a reçu des pressions du château (entre nous, ça n'a sans doute pas commencé la semaine dernière...). Et ceux, comme moi, qui sont tout de même surpris, car tous ses amis, qu'il n'a même pas pris la peine de prévenir, avaient envoyé des signes en faveur d'une candidature Borloo. Pour Jean-Michel Aphatie, qui voit mal l'ancien maire de Valenciennes se rallier à Sarkozy, c'est la fin de la carrière politique de Borloo, tout simplement.

C'est mauvais pour la gauche et pour le Front National, même avec un Sarkozy qui resterait faible dans les sondages. Voir le président sortant rebondir fait cependant partie, à mon avis, des scénarii probables ces prochains mois. Une bête de campagne va se réveiller, et expliquer aux Français que la situation actuelle du pays demande de la stabilité politique. A ceux qui ont déjà enterré Nicolas, je promets - malheureusement - un réveil difficile.

Il y en a un que l'on connaissait peu, en revanche, qui a fait un fracassante entrée sur le plateau d'un Sénat désormais aussi écarlate que ses fauteuils. C'est Jean-Pierre Bel, sénateur de l'Ariège, 59 ans. On a découvert ce week-en un véritable homme d'état, au discours poignant et rassembleur, qui aurait les épaules pour tenir quelques jours les rênes du pays en cas de défaut présidentiel (à ce titre, je rappelle à M. Bel qu'un congé de paternité n'a pas de valeur de défaut présidentiel).

Je termine avec moins de banalités, et des choses qui m'ont un peu frappé ce week-end. D'abord, cette déclaration d'Eva Joly, à Radio France Politique hier, qui souhaite la fusion des universités et des grandes écoles, parce qu'elle ne croit pas à la conception actuelle de l'excellence. C'est tout bêtement un nivellement par le bas que nous propose l'eurodéputée verte : quand c'est le gros qui marche mal qui absorbe le petit qui marche bien, le petit s'en portera nécessairement moins bien. La seconde chose qui m'a interpellé est une petite phrase de Ségolène Royal, hier dans Dimanche +. Après la diffusion d'un extrait du documentaire sur la primaire, qui passe en version intégrale dimanche soir sur Canal, où elle critiquait la "normalité" de la présidence que Hollande souhaite exercer, elle a déclaré qu'on lui avait assuré que cet entretien ne serait diffusé qu'après le scrutin. Alors, mensonge de Royal ou malhônnêteté des journalistes de la chaîne cryptée ?

En tout cas ce documentaire, s'il est entièrement de cette teneur, pourrait pimenter un peu le dernier débat entre les six candidats aux primaires citoyennes, où j'aimerais bien que l'on parle un peu développement durable et international. Que fait-on avec l'urgence climatique, dont on a l'impression qu'elle est moins urgente en période de crise ? Que fait-on avec la Syrie ou le conflit israëlo-palestinien ? Quand on brigue l'Elysée, même au travers d'une primaire, on se doit d'aborder ces sujets.

27 mars 2011

Cantonales, point de départ

Bienvenue ici. Nous sommes dimanche 27 mars 2011 et il est 22 heures. Le premier tour de la présidentielle aura lieu dans treize mois. Les résultats des élections cantonales tombent encore. L'UMP a perdu, ses leaders disent leur déception. Le PS a mathématiquement gagné, tandis que le FN fait une percée remarquée. A cette heure, il y aurait deux élus frontistes, l'un à Brignoles, l'autre à Carpentras.

L'abstention, grande gagnante

Comme à toutes les élections depuis le milieu de la decennie 1990, l'abstention a encore grimpé. Les responsables politiques ressortent les phrases habituelles pour se désloer de cet état de fait, comme à chaque soirée électorale depuis quinze ans. Dans une semaine, ils auront tous oublié.

Pour dépasser les banalités, je voudrais ce soir aborder le thème de la reconnaissance du vote blanc. Cette reconnaissance serait à mon avis un puissant barrage contre l'abstention et contre le Front National. En pratique, deux choix : soit on comptabilise les enveloppes vides comme un vote exprimé, soit on place à côté des bulletins des candidats en lice un bulletin blanc qui identifie clairement que l'électeur ne se prononce pour personne. A la filière papetière de peser de tout son poids pour la seconde solution.

Plus sérieusement, cette reconnaissance semble s'imposer pour la santé de notre démocratie. Au nom de quoi aurait-on obligation de choisir parmi l'un des candidats ? Au nom de quoi considère-t-on que quelqu'un qui n'a été convaincu par personne ne s'est pas "exprimé" ?

Le droit de n'avoir pas été convaincu doit cependant s'accompagner du devoir de voter. Car à partir du moment où le bulletin blanc est officialisé, l'ensemble des sensibilités est représenté : les opinions politiques qui ne sont représentés par personne sont considérées comme étant "incarnées" par le bulletin blanc.

Le vote blanc aurait ainsi droit à sa part du camembert politique à chaque soirée électorale. Les résultats seraient plus intéressants car chaque inscrit aurait voté, et on aurait une idée extrêmement précise de la sociologie politique du pays.

Reconnaître le vote blanc, un obstacle infranchissable ?

Cela n'est pas sans poser quelques problèmes. Imaginez un second tour de présidentielle avec deux candidats plus le bulletin blanc. L'habituelle mécanique du report ne se fera évidemment pas aussi bien qu'aujourd'hui. Imaginez l'électeur de Marine Le Pen ou d'Olivier Besancenot au premier tour (en prenant l'hypothèse qu'aucun des deux n'est au second tour). Dans son isoloir, il ne va pas avoir envie de rentrer dans le rang des partis "traditionnels", "républicains" et va choisir le blanc. Pas sûr, même, que l'électeur écolo ou centre-droit se reporte respectivement sur le PS et l'UMP.

Il est vrai que cet exemple reste sur le modèle du second tour classique gauche-droite. Mais ce second tour a la caractéristique de donner des résultats où il y a rarement plus de dix points d'écart entre les deux candidats. Imaginez avec un bulletin blanc : difficile qu'un candidat ait une majorité absolue. On pourrait faire un second tour à la majorité relative, mais les opposants au candidat élu argueraient tout de suite que moins de la moitié des électeurs l'ont plébiscité. Imaginez quelle est alors la crédibilité du président élu !

Vous me direz alors, pourquoi rester dans le schéma d'une élection à deux tours. Quitte à vouloir être ultra-démocratique en reconnaissant le vote blanc et en rendant la participation obligatoire, pourquoi ne pas passer tous nos scrutins à la proportionnelle ?

Pourquoi pas en effet. Le vote blanc serait un vote de protestation qui ferait - je le pense - notablement baisser le FN. Le parti d'extrême-droite de Marine Le Pen est en effet l'un des obstacles à la proportionnelle : la classe politique ne veut pas de députés frontistes sur les bancs du Palais Bourbon.

Le problème d'un passage à la proportionnelle serait plutôt pour la gauche. Le PS, malgré ses nombreux "courants" internes, n'est pas l'équivalent à gauche de ce qu'est l'UMP à droite. C'est un parti moins large, entouré d'autres forces indépendantes : PG, MRC, PRG, PCF et éventuellement EELV. Cet état de fait ferait qu'un scrutin proportionnel donnerait automatiquement la majorité relative - mais définitive, en l'absence de second tour - à l'UMP.

Derniers gros problèmes, et pas les moindres : si le blanc arrive en tête, on fait comment ? Et qui, finalement, pour représenter les votes blancs dans une assemblée ? Des sièges vides ? Cela voudrait dire que ceux qui ont voté blanc n'avaient rien à dire ! Dure question, décidément.

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